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Une foule de gens se figurent que le but de la poésie est un enseignement quelconque,
qu'elle doit tantôt fortifier la conscience, tantôt perfectionner les moeurs, tantôt
enfin «démontrer» quoi que ce soit d'utile...
La poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme,
rappeler ses souvenirs d'enthousiasme, n'a pas d'autre but qu'elle-même;
elle ne peut pas en avoir d'autre, et aucun poème ne serai si grand, si noble,
si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement
pour le plaisir d'écrire un poème.
La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de défaillance, s'assimiler à
la science ou à la morale; elle n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même.
«Notice sur Edgar Poe» (C.Baudelaire)
Biographie
Charles Baudelaire (1821-1867)
Son père, le peintre,Joseph-François Baudelaire mourut en 1827. Dès l'année suivante,
sa mère épousait en secondes noces le commandant Aupick, que le jeune Charles détesta
rapidement. Baudelaire fit ses études au lycée Louis-Le-Grand, puis s'inscrivit à
l'École de Droit. Vers sa dix-septième année, il commença d'écrire ses premiers
vers et de fréquenter les cabarets littéraires. En 1841, son beau-père décida
de tuer dans l'oeuf ce goût de la bohème: il le fit embarquer à bord d'un paquebot
en partance pour les Indes. Le 4 novembre 1841, Baudelaire refusa de poursuivre
le voyage et rentra en France avec, dans ses bagages, le sonnet «À une créole»
. À son retour, il put enfin entrer en possession de l'héritage paternel, et vivre
à sa guise.
Il s'installa alors à l'Hôtel Pimodan, dans l'île Saint-Louis,
rencontra Jeanne Duval, femme de couleur qui tenait des rôles obscurs dans un petit
théâtre, et mena une vie fastueuse de dandy jusqu'en septembre 1844, date à
laquelle le général Aupick réunit le conseil de famille, qui désigna un conseil
judiciaire chargé de veiller aux dépenses du poète. Peu après,Baudelaire publia
sa première plaquette, «Le Salon de 1845». Il s'y révélait critique de génie.
La brochure passa inaperçue. Il donna ensuite deux brefs essais «Choix de Maximes
consolantes sur l'amour» et «Conseils aux jeunes littérateurs», ainsi
qu'un second «Salon». En 1846,l'année suivante, il découvrit l'oeuvre
d'Edgar Poe, qu'il décida de traduire et de présenter au public français.
Il devait travailler dix-sept années à cette traduction. En 1848,il publia
quelques articles dans «Le Salut Public». Une étude sur Edgar Poe paraîtra
en tête des deux volumes d'«Histoires extraordinaires»,en 1856.
Entretemps,Baudelaire s'était épris de Mme Sabatier qui lui inspira plusieurs
poèmes des Limbes, les futures «Fleurs du mal». Le livre fut imprimé en 1857.
«Les Fleurs du Mal» furent jugées «obscènes» par la justice et leur
auteur condamné à 300 francs d'amende. Pauvre et fatigué, Baudelaire devait
encore écrire «Les Paradis artificiels»,«Richard Wagner et Tannhauser»,
«L'oeuvre et la Vie d'Eugène Delacroix» et surtout les poèmes en prose
du «Spleen de Paris». Ses vers, toujours admirables, sont comptés parmi les plus
beaux de la langue française; ils ont la facture impeccable et sonore des Parnassiens,
mais il vibrent d'émotion romantique, tout en ouvrant «les forêts de symboles» et
de correspondances qu'affectionnent les Symbolistes.
C'est en Belgique, en 1866,
que Baudelaire fut terrassé par la paralysie. Ramené à Paris, le 1er juillet
de la même année, Baudelaire ne fut bientôt plus qu'un infirme privé de l'usage
de la parole. Il conserva pourtant sa lucidité jusqu'à sa mort,survenue le 31 août 1867.
Choix de Poèmes
Les Fleurs du Mal - Spleen et Idéal - La Mort
X L'Ennemi
XII La vie antérieure (Français et Anglais)
XLIII Harmonie du Soir
XLIX L'Invitation au Voyage
LXII Spleen
LXXV Tristesses de la Lune
XCVIII La Mort des amants
XCIX La Mort des pauvres
C La Mort des artistes
CI La Fin de la journée
CIV L'Albatros
CXVI Chant d'Automne
CXXII L'Horloge
PROSE Enivrez-vous
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