San Juan de la Cruz - Jean de la Croix

(1549 - 1591)

(Espagnol — Français — Anglais)


6ko

Biographie et Poèmes



Noche Oscura - Nuit obscure

The Obscure Night of the Soul

Llama de amor viva - La flamme

Flame of Living Love



***

Ô flamme par amour vive
Qui blesses de ta tendresse
Mon âme dans son centre le plus profond!
Puisque tu n'es plus rétive,
Achève si tu acquiesces;
Avec douceur romps la toile qui nous fond...

***

Biografia

Juan de Yépez, en el mundo, en religión Juan le la Cruz, nació en Ontiveros, Castilla la Vieja, en 1542.

Ingresó en la orden de carmelitas, y trabó gran amistad con santa Teresa de Jesús, de acuerdo con la cual resolvió reformar la orden a que pertenecían, que se hallaba harto relajada.

A este efecto resolvió fundar en Manresa un convento reformado, que fue el primero de carmelitas descalzos que existía, pues de acuerdo con la austeridad por que su vida se había distinguido, su reforma se inclinaba de este lado, para hacer la orden menos mundanal. A pesar de la oposición de los principales de su orden, el papa Pío V aprobó su reforma, que luego fue confirmada por Gregorio XIII, en 1580.

A pesar de este triunfo fue perseguido por los antiguos carmelitas, y durante nueve meses estuvo preso en Toledo bajo la acusación de fugitivo de la orden y apóstata. Pero intervino santa Teresa, y con las poderosas relaciones que tenía, entre ellas la duquesa de Alba, logró hacerle poner libertad.

Entonces comenzó con más ardor su campaña reformadora, lo que le llevó al triunfo, pues en 1585 fue nombrado provincial de su orden para Andalucía, cargo que no dejó sino para ocupar otros más elevados.

Pero sus amarguras no habían acabado: en 1591 hubo de elevarse contra sus superiores, que deseaban abandonar de nuevo la reforma, y por ello fue detenido y encerrado en el convento de Peñuela (Sierra Morena), donde compuso sus principales obras, hasta que se retiró a Úbeda, donde murió el mismo año. Fue canonizado en 1726, por el papa Benito XIII.

(Antología de los mejores poetas castellanos, Rafael Mesa y López. Londres: T. Nelson, 1912.)



Biography

Jean de la Croix (1542 - 1591 (Fontiveros, prov. d'Ávila, 1542 - Ubeda, 1591), Mystique espagnol, Christianisme, Catholicisme.

Juan de Yepes est né en Castille en 1542, à Fontiveros. Il perd son père très tôt, ce qui entraîne sa famille dans la misère. Il fait d'abord ses études au collège des Jésuites. Il est très doué pour la peinture et la poésie. En 1563, il entre au couvent des Carmes et prend le nom de frère Jean de Saint-Mathias. Il fait des études à Salamanque et est ordonné en 1567.

Après des études universitaires à Salamanques, il est ordonné prêtre... Il rencontre Ste Thérèse d'Avila qui l'intéresse à la réforme du Carmel. L'influence conjugée des deux saints transforme complètement l'esprit d'une communauté assez peu fervente. Poursuivi et emprisonné par des carmes mitigés à Tolède (1577); de sa prison, il compose ses plus beaux poèmes. Il s'évade en 1578.

Après la mort de Thérèse, Jean poursuit son oeuvre réformatrice auprès des carmélites. Mais il lui faut subir de lourdes épreuves de la part de frères peu disposés à le suivre. Il meurt dans l'isolement, au couvent d'Ubeda, dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591.

"Docteur mystique", Jean de la croix a laissé des poèmes, nés dans une âme éprise de la Beauté de Dieu, des lettres et des maximes... des traités dont la haute spiritualité tend à unir l'âme chrétienne à Dieu en la faisant passer par la "nuit" intérieure et le dénuement (Nuit obscure, Montée du Carmel, Cantique spirituel et Vive Flamme d'amour). Canonisé en 1726, proclamé docteur de l'Eglise en 1926.

***

Noche Oscura (Candiones del Alma)
triangle

En una noche oscura,
con ansias en amores inflamada,
! oh dichosa ventura!
Sali sin ser notada.
Estando ya mi casa sosegada

a oscuras y segura
por la secreta escala, disfrazada,
Ioh dichosa ventura!,
A oscuras y en celada,
Estando ya mi casa sosegada.

En la noche dichosa,
En secreto, que nadie me veia
Ni yo miraba cosa,
Sin otra luz y guia
Sino la que en el corazón ardia.

Aquésta me guiaba
Más cierto que la luz del mediodia
a donde me esperaba
quien yo bien ma sabia,
en parte donde nadie parecia.

I Oh noche que guaste!,
I oh noche amable más que la alborada,
Oh noche que juntaste
Amado con amada,
amada en el amado transformada!

En mi pecho florido
que entero para él solo se guardaba,
alli quedó dormido
y yo le regalaba,
y el ventalle de cedros aire daba.

El aire de la almena
Cuando yo sus cabellos esparcia,
Con su mano serena
En mi cuello heria
Y todos mis sentidos suspendia

Quedéme y olvidéme,
El rostro recliné sobre el amado,
Cesó todo y dejéme,
Dejando mi cuidado
Entre azucenas olvidado

Juan de la Cruz

Nuit Obscure (Candiones del Alma)
triangle

Dans une nuit obscure
par un désir d'amour tout embrasée
ô joyeuse aventure
sortis sans me montrer
quand ma maison fut enfin apaisée

Dans l'obscur et très sûre
par la secrète échelle, déguisée
ô joyeuse aventure,
dans l'obscur, et cachée
quand ma maison fut enfin apaisée

Dans cette nuit de joie
secrètement, nul ne me voyait
mes yeux ne voyaient rien qui soit
j'allais sans autre lumière
Que celle en mon coeur qui brûlait

Et elle me guidait
plus sûre que la lumière de midi
au lieu où m'attendait...
moi, je savais bien qui,
en un endroit retiré

Ô nuit qui nous a conduit
nuit plus aimable que le lever de l'aube,
ô nuit qui a uni
l'ami avec l'aimée
l'aimée en l'ami transformée

Contre mon sein fleuri
qui tout entier pour lui seul se gardait,
il resta endormi
moi je le caressais
de l'éventail des cèdres l'air venait

Du haut du créneau
quand sous mes doigts ses cheveux s'écartaient
avec sa main légère
mon cou me pinçait
et chacun de mes sens me ravivait

En paix je m'oubliai
j'inclinai le visage sur l'ami
tout cessa je cédai
délaissant mon souci
parmi l'oubli des fleurs des lys

Version française par: Gilles de Seze

***

The Obscure Night of the Soul
triangle

Upon an obscure night
Fevered with love in love's anxiety
(O hapless-happy plight!),
I went, none seeing me,
Forth from my house where all things be.

By night, secure from sight,
And by the secret stair, disguisedly,
(O hapless-happy plight!)
By night, and privily,
Forth from my house where all things quiet be.

Blest night of wandering,
In secret, where by none might I be spied
Nor I see anything;
Without a light or guide,
Save that which in my heart burnt in my side.

That light did lead me on,
More surely than the shining of noontide,
Where well I knew that one
Did for my coming bide;
Where He abode, might none but He abide.

O night that didst lead thus,
O night more lovely than the dawn o light,
O night that broughtest us,
Lover to lover's sight,
Lover with loved in marriage of delight!

Upon my flowery breast
Wholly for Him, and save Himself for none,
There did I give sweet rest
To my beloved one;
The fanning of the cedars breathed thereon.

When the first moving air
Blew from the tower and waved His looks aside,
His hand, with gentle care,
Did wound me in the side,
And in my body all my senses died.

All things I then forgot,
My cheek on Him who for my coming came;
All ceased, and I was not,
Leaving my cares and shame
Among the lilies, and forgetting them.

-Arthur Symons (translator)
From: Hispanic Anthology : Poems Translated from the Spanish by English and North American Poets, collected and arranged by Thomas Walsh. G. P. Putnam's Sons, New York, 1920.

***

Llama de amor viva
triangle

¡Oh llama de amor viva
que tiernamente hieres
de mi alma en el más profundo centro!
Pues ya no eres esquiva
acaba ya si quieres,
¡rompe la tela de este dulce encuentro!

¡Oh cauterio süave!
¡Oh regalada llaga!
¡Oh mano blanda! ¡Oh toque delicado
que a vida eterna sabe
y toda deuda paga!
Matando, muerte en vida has trocado.

¡Oh lámparas de fuego
en cuyos resplandores
las profundas cavernas del sentido,
que estaba oscuro y ciego,
con estraños primores
color y luz dan junto a su querido!

¡Cuán manso y amoroso
recuerdas en mi seno
donde secretamente solo moras,
y en tu aspirar sabroso
de bien y gloria lleno,
cuán delicadamente me enamoras!

Juan de la Cruz

La flamme
triangle

Ô flamme par amour vive
Qui blesses de ta tendresse
Mon âme dans son centre le plus profond!
Puisque tu n'es plus rétive,
Achève si tu acquiesces;
Avec douceur romps la toile qui nous fond.

Ô cautère agréable,
Ô délicieuse blessure,
Ô main légère, ô touche délicate
Qui rend l'éternel viable
Et tout dû des dettes assure!
Mettant à mort, contre vie vous la troquâtes.

Ô lucernaires de feu,
Au reflet de vos splendeurs
Les profondes cavernes du sens de l'âme
Qui était sombre et vitreux,
Avec d'étranges ardeurs
Leur aimé de chaleur et lumière enflamme!

Combien doux, et amoureux
Tu te réveilles en mon sein,
Où secrètement esseulé tu demeures;
Dans ton souffle savoureux,
De bien, et de gloire plein,
Que délicatement tu te fais charmeur!

***

Flame of Living Love
triangle

O flame of living love, That dost eternally
Pierce through my soul with so consuming heat,
Since there's no help above,
Make thou an end of me,
And break the bond of this encounter sweet.

O burn that burns to heal!
O more than pleasant wound!
And O soft hand, O touch most delicate,
That dost new life reveal,
That dost in grace abound,
And, slaying, dost from death to life translate!

O lamps of fire that shined
With so intense a light
That those deep caverns where the senses live,
Which were obscure and blind,
Now with strange glories bright,
Both heat and light to His beloved give!

With how benign intent
Rememberest thou my breast,
Where thou alone abidest secretly;
And in thy sweet ascent,
With glory and good possessed,
How delicately thou teachest love to me!

-Arthur Symons
From:Hispanic Anthology : Poems Translated from the Spanish by English and North American Poets, collected and arranged by Thomas Walsh. G. P. Putnam's Sons, New York, 1920.

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***

Oeuvre d'art: Le Christ de Saint Jean de la Croix (1951) de Salvador Dali
Huile sur toile; Art Gallery, Glasgow. "Quand grâce aux indications du père Bruno (carmélitain) je vis le Christ dessiné par saint Jean de la Croix, je résolus géométriquement un triangle et un cercle, qui "esthétiquement" résument toutes mes expériences antérieures [...] et j'inscrivais mon christ dans ce triangle" note Dali, qui raconte par ailleurs avoir été ébloui près de trente ans plus tôt par les poèmes de saint Jean de la Croix que lui récitait avec exaltation son ami Lorca.

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