VISA pour Olympius(3)

Maïté, dans la gueule du...




                                                        Faust Mephisto

Pour mieux goûter ces délicieux moments,  je ferme les yeux.   Tout à coup, je me sens tirée fortement par derrière et propulsée à travers l'espace.

Ne sachant plus à quel saint me vouer,  je me mis à les injurier dans mon jargon,  l'un après l'autre.  Je crois bien les avoir tous passés en revue chemin faisant.

J'atterris finalement dans une salle immense et sombre.   D'innombrables tableaux, des statues,  des objets hétéroclites épars ci et là, disposé avec mauvais goût,  font partie du décor.   Une chaleur étouffante règne dans cette pièce.

— On se croirait dans un repaire de voleurs, dis-je à haute voix,  presque dans l'antre du diable.

— Mais oui, belle enfant, vous y êtes, en effet!

Ah ben...zut alors!  Je me retourne subitement.  Que vois-je trônant au bout de la salle dans une attitude qui se veut majestueuse?   Je m'approche à pas de souris pour bien m'assurer que cette voix appartient à mon personnage cauchemardeux.   En effet, c est bien lui!

— Qu'est-ce que je fais ici?  Comment suis-je arrivée ici?

— Je n'en sais rien, ma biquette. Remarque...que le plaisir est pour moi d'avoir une visiteuse qui ne semble guère avoir froid ni aux yeux ni au reste de l'anatomie.  J'apprécie ton cadeau et vais m'empresser d'en profiter!

Ce disant, il s'approche de moi, les mains en avant.   Je m'empare vite d'un tisonnier que j'ai vu en entrant.

— Bas les pattes, sale ordure!   Puis de quel droit me tutoyez-vous?   J'ai pas élevé les cochons avec vous que je sache.

— Oh la la!  Mais quel langage de charretier sortant de lèvres aussi suaves.   Puis-je taire vos laids propos en y posant les miennes.

—  Dites donc, vous avez la feuille dure!   Éloignez-vous de moi, avant de vous faire empaler!   L'odeur que vous dégagez me répugne tellement que je préfère l'odeur du purin.   Je repose la question au cas où votre feuille se serait un peu ramollie.   Pourquoi m'avoir attirée ici?

— Ma chère, ce n'est pas moi qui vous ai amenée ici.   Vous m'avez sûrement invoqué.  Vos prières sont maintenant exaucées.  Je suis à votre entière disposition afin de réaliser vos souhaits les plus.... hum...! les plus désirables.

— Eh!  faut pas me la faire, hein!   Continuez sur ce ton, et je vais débarrasser la galaxie de votre puante présence, ce et du coup je rendrai sûrement service aux pauvres cons terriens qui croient encore vos sornettes.

— Ma chère, ne soyez pas si irrascible,  bien que cet air de démone vous sied à merveille qui, soit dit en passant,  correspond tout à fait à votre tenue pour le moins légère.

Je réalisai soudain que je n'avais pour seul vêtement que mon slip.   Détournant la tête pour éviter ce regard suintant de concupiscence,  je vis un deuxième personnage à l'écart,  qui se voulait inaperçu,  tout pâmé, je suppose, de ma tenue  Tiens,  donc...  il me semble pourtant bien le connaître, celui-là aussi!

—  Dites...  vous là-bas, au lieu de vous cacher,  approchez puisque vous êtes là.  Mais,je vous connais!   À votre air moqueur et mi-angoissé, vous ne sauriez nier votre identité,  n'est-ce pas, cher monsieur Faust.  D'ailleurs,  je vous ai vu de loin, vous promenant main dans la main avec Sélénè sur Olympius.  Vous semblez vous ballader galamment assez régulièrement entre les deux planètes.  Serait-ce que la présence de ce cher Méphisto vous manque à ce point?

— Madame, tout comme vous, cet endroit me pue au nez.   Je suis ici pour une seule et unique raison.

Ce cher Méphisto, comme vous l'appelez, n'est en fait qu'un triste personnage que j'ai utilisé pour atteindre mes fins.   J'ai nourri ses illusions en lui faisant croire que je lui vendais mon âme en échange de la jeunesse et la fortune.   Là, où il a joué de sa perversité ce fut le jour où il donna un philtre pour endormir la mère de Marguerite, philtre qui contenait du poison.   La pauvre a toujours cru qu'elle était coupable du meurtre de sa mère et s'est volontairement sacrifiée pour expier ce crime.  Je suis ici à sa recherche seulement.

D'ailleurs vous pouvez voir que je n'ai rien conservé de l'apparence de jeunesse, cadeau illusoire, mirage créé par Méphisto.

Puis je m'en veux d'avoir séduit cette belle et pure jeune fille.

—  Hé,  Faust,  de répliquer l'ordure,  ta belle et pure jeune fille ne veut rien savoir de toi.   Elle est en train de s'envoyer en l'air sur toutes les planètes.   Après son passage ici  elle a pris goût à certaines choses que tu n'as pu lui procurées, tout occupé que tu étais à entretenir tes angoisses.   Fous-lui donc la paix avec tes remords de minus et ton air de faux-repenti.   C'est à mourir de rire.

Puis, tu crois vraiment que je ne vois pas ton jeu. Depuis que cette poupée a fait son apparition, tu ne cesses de la manger des yeux.    Je parie que si je n'y étais, tu l'aurais déjà entreprise, bien que dérangé comme tu es,  je doute fort qu'elle accepte de se frotter à ta carcasse.


— Dis donc,  Méphisto!   de quoi je me mêle hein...   Si j'avais un choix à faire ici,—  dis-toi bien que tu n'es pas l'élu.  Tant qu'à Faust,  des types du genre "angoisse",  il en existe des tas sur terre.   Je me demande même si l'auteur de la légende sur Faust,  le dénommé Goethe,  ne souffrait pas de la même maladie.  En tout cas,  il a tout fait pour en perpétuer le mythe.   Mais, qu'est-ce que je raconte?  Ce n'est pas un mythe, mais bel et bien une réalité.  Puis, à vrai dire,  j'en ai ras bol de vos chamailleries.  Si vous avez un compte à régler,  faites-le sans moi.

Et toi, Faust,  profite du transit pour fouttre le camp en même temps que moi.   Je vais demander mon transfert.  Tant qu'à toi, Méphisto,  trempe ton cul au moins deux jours dans un bain parfumé.   Je vais revenir ici et j'espère y trouver meilleure odeur.

Comme je me retirai au fond de la pièce pour appeler Sélénè, un drôle de zouave fait son apparition, tout excité:

— Oyé! oyé!   Je m'appelle Claudius,  j'ai une dépêche importante. Sur la planète Calliope,  réunion de tous les poètes dans quelques heures.

— Ben,  en voilà des manières! répliqua Faust.   Est-une façon de s'introduire chez les gens sans s'annoncer? Où as-tu appris à vivre cher...   qui déjà?

— Je suis Claudius.  , celui qui va et vient pour remettre les dépêches. Excusez-moi,  j'ai oublié de sonner.  Je suis trop pressé. Bon, ok, je me sauve.

Le pauvre prit ses jambes à son cou,  tout penaud et s'empressa de quitter les lieux.

— Ecoute donc Faust,  un peu de retenue.   C'est tout de même pas à toi de remettre les gens à leur place dans ma demeure.

— Bon...d'accord.   Ce type a une tête qui me me revient pas puis je déteste son nom.   Il me fait un drôle d'effet.   Je ne saurais dire quoi au juste. Puis toi,  ma chouette,  je crois qu'il faudra t'habiller autrement si tu veux venir avec moi sur Calliope,  bien sûr!  Je m'occupe de ce détail.

— Dites donc!  Mais, ça peut faire!  Mon nom est Maïté.   Je vais me l'afficher,  je commence à en avoir marre de me répéter.  Semble bien que tu reprends du poil de la bête, cher Faust,  je m'aperçois que tu sors enfin de ton marasme.  Je vais finir par croire que Méphisto a raison.   J'accepte volontiers ta compagnie.  Et, pendant que tu t'occupes si gentiment de ma tenue vestimentaire, je prendrais bien un bon bain parfumé.  

— Bien sûr, chère enfant.  Suis-moi,  je connais bien les aires de ce palais, je vais t'y conduire.

Ne manquez pas le prochain chapitre . Bientôt...
Un bain parfumé pour deux...



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