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L'Odieuse
Dans la nuit,
des esseulés gémissent.
Leurs plaintes glacent
d'effroi
les gens heureux.
Dans la nuit,
des coeurs s'estompent
en grains de sable d'or
dans des abîmes
d'espoir désavoué,
semant la panique
chez les gens heureux.
Dans les nuits
hivernales
des macchabées giguent
dans la pénombre des ruelles
désertées
par les gens heureux.
Esseulés, désolants, paumés,
misérables,
vos désespoirs, vos désarrois,
vos appels insensés,
ennuient
les gens heureux.
Ah! qu'on aimerait vous taire.
Quand vos os pourrissants
craquent sous le poids
de la misère,
ça dérange
les gens heureux.
Ah! qu'on aimerait vous taire.
Mais, Vous poètes, chantez, poètes,
les pleurs, les râles des miséreux.
Délirez poètes!
Ces gens-là,
ne vous lisent pas.
Silence, on parle!
Car moi, moi, qu'on dit
excécrable, je partage
leur incurie.
Oui, moi, qui déjà,
rêvais tout bas
d'un amour si grand
que les étoiles même
en pâlissaient
de jalousie,
j'ai eu comme
réponse: "domination,
déraison".
Et maintenant,
moi, qu'on dit aussi,
odieuse,
insensée,
j'ai rejoint le chemin
des misérables,
des délaissés,
des esseulés.
Et je partage
leur nuit,
à ma façon.
... en écrivant pour eux.
Pier de Lune© (25 janvier 2004)
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The Unbearable
In the night
Forlorn people are freezing
With terror
Happy people...
In the night,
Some hearts get hazy;
Into golden sandy grains
In the depths
Of denied expectations,
Sowing panic down
To happy people.
In the nights
Of winter
Stiffs are gigging
Into the darkness
That left
Happy people.
Forsaken, devastating, dropped-out,
Wretched,
Your despairs, your disarrays,
Your insane calls,
Are bothering
Happy people
Oh! How we'd like to shut you up!
When your bones, rotting away
Are cracking beneath the weight
Of misery
It disturbs
Happy people.
Oh! How we'd like to shut you up!
You, poets, sing, poets,
Rattles and tears
Of poverty-stricken ones
Get frenzy, poets!
That folk
Do not read you.
Keep silent, let's have a word!
For I, I, who is said
To be atrocious, I share
Their scarceness_
Yes, I, who
Was yet dreaming in a whisper
Of so great a love
That it even made
The stars in the sky
Growing dim
With jealousies,
The sole answer I received
Was
"Domination
Insanity".
At present
I, who is also said
To be unbearable,
Insane,
I went across the path
Of destitute ones,
Of depraved people,
Of forlorn folk,
I share
My own way
Their night
...Writing on their behalf.
(translated by: Gilles de Sèze
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