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ENVOL
 
Dans un ciel gris chagrin 
un oiseau dessine des arabesques  
sous ses ailes un rêve s'estompe  
loin, toujours plus loin 
  
 
Il pleure sur mon pays. 
les chevelures larmoyantes des pins 
s'épandent.  
Ils ont mille ans. 
  
Il pleure dans mon coeur  
 larmes muettes, secrètes 
les bras jusqu'au sol.  
Il a mille ans.
  
Le vent chante   
l' écho porte une voix, 
 douce, 
 pleine de tendresse  
là-bas, des pas de solitude 
 tentent en vain 
 de se poser sur des traces  
 effacées par le temps 
  
avec le temps, tout s'envole.. 
 ne demeurent que souvenirs et chagrins
  
de quoi sont faits les lendemains?
  
Pier de Lune©
  
 
Sans Toi 
noyée dans un monde d'insouciance   
qui oublie de vivre et d'aimer 
solitude, absence, rivages lointains 
déferlent entre la noirceur et le doute  
  
 
à force de lutter contre la réalité  
la souffrance se nargue 
s'installe chemin faisant 
viennent les  nuits de froideur 
les temps de désespérance 
  
loin les songes, les rêves 
loin l'amour fou, les ivresses,  
loin.... la tendresse
  
restent à demeure les souvenances, 
les désirs, les échanges de promesses  
les espoirs de naufrager 
dans un autre ailleurs 
où nous existerons sans absence
  
sans contrainte...
  
Pier de Lune©
  
 
Femme et Barques
 
Barques à la dérive 
Lourdes de chagrins
  
Au gré de l'amant
  
Bras déshabités, 
ballants
  
La muse du Rêve  
passe et ne revient point 
  
Pier de Lune©
  
 
Trace
 
Au fil des jours je me dilue
  
Cette flaque d'eau sous vos pieds 
finira par sécher
  
pour n'y laisser qu'une trace 
qui va s'estomper avec le temps 
  
Pier de Lune©
  
 
Naufrage
 
Voyez là-bas sur la berge 
Le ciel à l'horizon noircit
  
Une femme hante les rivages 
Yeux verts éteints
  
Elle rend à la mer son amour 
Ses désirs refoulés 
naufrage de désirs éphémères
  
les vagues recueillent ses souvenances 
et recouvrent la plage déserte
  
de leur écume
  
Pier de Lune©
  
 
Givrure 
		
Sang glacé dans les veines 
vide de toute substance 
la page demeure blanche  
sourde à la plainte 
  
au loin le ciel blanchit 
  
de longues traînées  froides de 
solitude  
 éclaircissent  la pinède gémissante  
le vent du nord carde les
 nuages,  invite au sommeil éternel
  
 
Sang glacé dans les veines 
la froideur s'installe  
reste une plainte, une angoisse sauvage, tenace 
  
gerbe d'amour fanée, bonheur furtif,  
cristaux épars en flocons blancs folâtres 
  
la givrure tapisse à demeure  
l'antre des erratiques 
  
Pier de Lune©
  
 
Refuge 
La pluie sur les carreaux 
dépose ses dernières larmes 
en cadence acharnée 
obsession lancinante  
du mot "espérance" 
  
fragiles au vent  
les souvenirs d'antan 
virevoltent dans l'espace 
espoirs oubliés 
regrets bafouillés 
  
sourire déjà lointain 
on tente de retenir  
l'absence se prolonge  
et la vie s'éteint 
  
au refuge d'un coin sombre 
lieu commun des amants 
l'on dépose ses tourments 
à la quête du rêve  
d'un dernier sommeil 
pour ouïr un "encore" 
 
"je t'aime"
  
Pier de Lune©
  
 
Je t'écris pour te dire
 
Je t'écris pour te dire: 
  
«que jamais je n'oublierai 
ces jours où ton beau regard  
me façonnait  
un rêve imaginaire 
jamais je n'oublierai 
ces nuits  
des doux soupirs 
j'écoutais 
nos deux coeurs battre à l'unisson
  
combien je me sentais belle  
à me voir à travers toi 
combien je me sentais  aimée   
sous les caresses de tes yeux 
  
je souhaitais que le temps s'arrête  
que ces instants perdurent 
  
puis...vint le temps des adieux 
désert de silence, de désolation
  
oui, je sais... 
quelque sauvage soient mes plaintes,   
étouffées par des mers mugissantes, 
elles n'atteindront jamais  
la cime de tes montagnes
  
 
donne-moi le temps de combler 
 le vide de ton absence 
le temps de remplacer 
 mes haillons de détresse  
par des chiffons de joie 
  
un jour prochain, le coeur léger  
j'irai moissonner des îlots de verdure  
sur des rives étranges et sauvages  
le jour je construirai un abri 
la nuit je tisserai mes souvenirs 
  
 
dans l'attente de ta présence  
je cultiverai notre amour 
en écoutant l'océan gémir»
  
Pier de Lune©
  
 
"Je t'aime" 
Les yeux fermés, de loin  
mais si loin... je t'aperçois    
tu descends la rue 
ton visage éclairé par les réverbères  
autour de moi le vide, l'espace 
le monde s'efface 
ne restent que toi et moi 
sur cette île d'espoir... 
  
Un souffle passe 
mon dernier... peut-être  
laisse-moi être la mer 
qui étreint ton rivage  
laisse-moi être le calme  
que tu recherches   
à tes côtés chaque instant 
je reste à demeure  
  
 
Trop de choses à te dire  
en cette lointaine ballade  
puis j'ai oublié  
je ne sais plus que dire,  
"Je t'aime...   
dire que, 
 sans toi, les nuits   
sont froides et longues    
les jours tristes et sombres  
dire que, 
sans toi, le soleil  
a perdu son éclat
  
en cette ballade si lointaine   
trop de choses à te dire  
minutes si brèves 
redis-moi simplement 
encore et encore   
"je t'aime" 
j'ai tant besoin de l'entendre
  
Pier de Lune©
  
 
Inconscience 
 
 
Dans ton port il est un bateau   
vieilli, décati, las d'attendre   
il largue ses amarres, maître à bord   
le temps déploie ses hautes voiles
      
Toi, du quai tu le regardes partir  
impuissant, les bras ballants  
sans un geste pour le retenir   
mirage des jours heureux  
       
sa précieuse cargaison dans les cales  
ce marinier vogue sur des eaux sombres  
semant au hasard désirs et souvenances   
recueillis dans chaque port 
      
Toi, l'inconscient, le laisser-passer,  
tu oublies que ce  maître-voilier, insatiable  
engloutit même les plus beaux souvenirs    
laminant son sillage d'écumes vagues 
  
Pier de Lune©(août 2001)
    
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