Déjà la nuit en son parc amassait
Un grand troupeau d'étoiles vagabondes.
Et pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait.

26ko

Joachim du Bellay
(1522-1560)

Né en 1522 au château familial de la Tourmelière en Anjou, Du Bellay était, comme son ami Ronsard, de vieille famille noble. Maladif, orphelin de bonne heure, et négligé par son tuteur, il a passé une enfance rêveuse et mélancolique dans les terres familiales, sans grande activité intellectuelle. Rêvant d'une carrière ecclésiastique comme celle de son cousin, le cardinal Jean Du Bellay, évêque de Paris et diplomate célèbre, le jeune homme étudie le droit en l'an 1545 à la faculté de Poitiers. Il apprend le latin, écrit ses premiers poèmes en latin et en français. Puis, il suit Ronsard à Paris pour étudier au Collège de Coqueret avec l'humaniste Jean Dorat et s'initie à la culture gréco-latine. Moins passionné que Ronsard pour la littérature grecque, Du Bellay se nourrit de culture latine et conserve son originalité et les traditions nationales. A Coqueret, il apprend l'italien et compose les sonnets pétrarquistes de l'Olive (1549). La même année, il rédige la célèbre Défense et illustration de la langue françaiseé


De santé délicate, Du Bellay tombe malade et passe deux années complètes au lit, terrassé par la douleur (1550-52). C'est alors qu'il ressent les premières atteintes de la surdité (tout comme Ronsard en 1540). Pour oublier son mal, il se consacre à l'étude des auteurs latins et grecs et à la poésie. En 1553, son cousin Jean Du Bellay est envoyé à Rome en mission diplomatique auprès du pape, et emmène son cousin Joachim. Là le jeune poète peut contempler les vestiges de la majesté romaine, et imagine les scènes antiques dans leur cadre millénaire, philosophe sur les grandeurs et la décadence des empires: c'est la matière des Antiquités de Rome. Oubliant les principes de la Défense et illustration, il compose des vers latins, qui souvent, seront l'ébauche de ses poèmes français les plus réussis.


Du Bellay espérait que le voyage à Rome lui ouvrirait la voie à une carrière diplomatique, mais il est rapidement déçu dans ses plus chères ambitions. Les Regrets sont les confidences de son amertume. Il doit s'occuper des dépenses du ménage de son cousin, le cardinal, puis demeure choqué par la corruption, les ambitions, et l'hypocrisie de la cour pontificale. et, souffre surtout du mal du pays. Il regrette l'indépendance et l'inspiration d'autrefois, la Cour française et la faveur du roi, ses amis poètes, et son humble foyer angevin. Bien souvent il éprouve le désir très vif de retourner voir "La France et mon Anjou dont le désir me point."


De retour en France en 1557, Du Bellay fait publier ses oeuvres: les Antiquités de Rome, les Regrets, les Poemata, et les Jeux rustiques. Il cherche à s'imposer à la Cour, mais sans succès. Enfin, dès son retour il est frappé par de graves ennuis domestiques et doit lutter pour sauver sa maison des créanciers. Sourd, tourmenté, découragé, vieilli avant l'âge, il meurt dans la nuit du premier janvier 1560, à l'âge de 37 ans.

***

Choix de Poèmes

—  Déjà la nuit en son parc amassait (L'Olive— 1549)
—  Tu ne crains la fureur de ma plume animée (L'Olive— 1549)
—  Au fleuve de Loire...(L'Olive)
—  Si nostre vie est moins qu'une journée...(L'Olive)
—  Défense et illustration de la langue française (extrait— 1549)
—  Plainte (À la France)
—  Les Regrets (1558)
—  D'un vanneur de blé aux vents



Page suivante Poèmes du Bellay
Retour au sommaire du Jardin des Muses
Retour à la liste des Poètes d'hier



This site is beautifully viewed with Microsoft Internet Explorer
Résolution:1024x768. Best view


Dernière modification de ce document: