(Français — Anglais)

Les Ailes du Rêve
Pier de Lune


Lassitude

Puisqu'il est trop tard pour recommencer
puisqu'il est trop tard pour aimer
allons mon amour
étendre nos deux corps
usés par les chagrins
près du ruisseau qui chante

à l'ombre des oliviers
je poserai ma tête sur ta poitrine
et dormirai sans m' éveiller
je suis lasse du combat

ne vois-tu pas que mes yeux
ont perdu leur éclat
que ma bouche n'a plus de sourire
je suis lasse de pleurer
je suis lasse de feindre la joie
je suis lasse de mentir

regarde là-haut
cet oiseau noir qui profile
prêt à m'amener tout au loin
passe le temps,
approche l'heure, sonne le départ
je suis lasse de l'entendre

mon amour garde-moi
endormie près de toi
redis-moi encore et encore
une dernière fois
je veux apporter avec moi
tous ces mots, ton amour
je suis si lasse de partir

mon amour laisse-moi dormir
du sommeil d'où l'on ne revient pas
celui qui...
mène vers la lumière
celui qui...
mène vers l'au-delà
celui où...
mon coeur ne souffrira plus

si lasse ...si lasse

Pier de Lune©



Lassitude

As it is too late to start
as it is too late to love
let's go my love
to stretch out our bodies
worn out by grief
near by the singing brook

to the shadow of olive trees
I would lie my head on your chest,
sleep without awaking
I am so weary of struggle

don’t you see that my eyes
have lost their brightness
that my lips have lost their smile
I am tired of crying
I am tired of feigning happiness
I am tired of lying

look above, this blackbird
silhouette that stretches before,
its arms preparing to land
passing the time
approaching the departure
I am so tired of hearing it

my love keep me asleep
beside you telling me again
one everlasting time
telling me of your love
for me to bring it with me
I am so tired of leaving

My love let met fall
in that slumber, the everlasting one
the one...
which guides me
towards the light,
the beyond
where my heart will not suffer
from living without you
I am so tired of suffering

Thanks to Laure who translated this poem.



Interdit...

l'un à l'autre
divisés, écorchés,
invisibles à demeure

interdit de regarder

quelques mots ci et là
vides de substance,
cauchemars, frustrations
vouloir tant se dire

interdit d'exprimer

des projets à venir
espoir à l'horizon
des oui trop de "non"

interdit d'espérer

distance, temps,
mers et monde
gouffres profonds
barrières infrangibles

interdit de passer

tristesse, ennui
coeur déchiré
corps délaissé

interdit de pleurer

ti amo tantissimo
ti voglio tanto bene
tu me manques trop

interdit d'aimer

interdit, interdit, interdit

sans sa présence, sans l'amour
quel devenir!
coquille vide

interdit de vivre

être espérance,
ressourcement, résurgence,
et à tout jamais demeurer
bannie, absente,
inavouée, inauthentique
"no man's land"

interdit de franchir

interdit, interdit, interdit

Pier de Lune©



Forbidden

to each other disunited,
flayed invisible one is
keeping

forbidden glances

few words here and there
void of substance
nightmare, frustrations
so much to say

forbidden words

plans for the future
hope in sight
some "yes", too many "no"

forbidden hopes

distance, time, seas and worlds
deep abysses, infrangibly
barriers


forbidden lands

sadness,
bore broken heart
forsaken body

forbidden tears

ti amo tantissimo,
ti voglio,
I miss you so much

forbidden loves

forbidden...forbidden...forbidden

without his presence ,
without his love
what a future! empty shell

intolerable life

to be hope,
revival, resurgence
and forever remaining
banned, lacking,
unavowed, unauthentic,
no man's land

forbidden Line

forbidden...forbidden...forbidden

Translated by Gilles de Seze



Evanescence

ombre furtive, débris humanoïde
j'évanesce dans la nuit des temps
ainsi qu'une étoile dans l'évasure
de l'entonnoir cosmique

enlisée dans l'évhémérisme
j'évide l'espace, je creuse mon lit
j'invente une galaxie unique,
où les hommes sont dieux

car le passage sur terre
ne perdure que des rêves éphémères

Pier de Lune©

Furtive shade

furtive shade, humanoid debris
I am evanescing into times' night
as a star into the opening-out
of the cosmic swallow hole

entombed down into evhemerism
I am hollowing out the space,
I am digging out my bed
I invent an only galaxy,
where man is god
for the passing on earth
don't endure but ephemeral dreams

English translation by: Gilles de Seze



À ta manière

(Complainte de la maîtresse)

je voudrais t'aimer sans trop d'amour et de passion
à ta manière....
accepter sans broncher
mes nuits de solitude, tes longues absences,
à ta manière....

je voudrais t'aimer sans exclusivité
imaginer sans pleurer tes jouissances,
tes amours, tes nuits dans d'autres bras,
à ta manière...

prendre d'autres amants
vivre sans regret des amours folles
oublier l'amour vrai,
les contes de fées
et te prendre uniquement
comme amant,
temporaire
à ta manière...

je voudrais regarder
les heures, les années s'écouler
sans craindre les saisons, sans me questionner,
sur l'ultime saison où finalement
tu m'éloigneras
et prendre la vie comme tu l'entends
à ta manière...

je voudrais ne plus pleurer
ne plus t'idéaliser, ni te sublimiser
vivre avec sérénité
pour enfin, à travers toi me regarder
à ta manière

Pier de Lune©



Sursis

l'amour c'est comme la mort
on le vit en sursis
avec des «je t'aime»,
des «je t'oublierai jamais»,
promesses vaines!

l'amour est grand quand il est unique
l'amour vrai demande du courage
ce courage n'existe pas
chez les bourgeois, les biens nantis,
ceux qui s'installent dans leur fauteuil,
devant leur poste de Télé,
et se livrent aux combats ménagers
en donnant l'un à l'autre
libre cours aux reproches,
au chantage à tour de bras,
aux coups de gueule ..
tout ça, de préférence
au vagabondage d'un amour fou
qui leur ferait perdre comfort,
sécurité, maison, tout le tra la la
au risque, de s'attirer
les foudres familiales, ceux que ça dérange,
et d'être traité comme un paria

ces gens-là.. messieurs, dames
ces gens-là pantouflent dans leur ménagerie
usent de redites, à tour de bras
d'anciennes promesses vagues et confuses
comme arguments, la nuit venue
ils glissent sous les couvertures
moyennent leurs besoins mutuels
avec des caresses mensongères
utilisent le verbe aimer à l'usure
en faisant semblant d'y croire

que reste-t-il à l'autre?
effroi, peines, tourmentes
du coeur esseulé, attente du glas
sonnerie de l'Adieu
puis.. elle partira brisée, déchirée
le coeur ulcéré par l'ingrat
qui savait si bien chanter,
mais...ignorait les notes
de l'amour vrai

plaignez ces ramasseuses de miettes
ne blamez pas leur choix
pour apaiser leur soif d'amour
elles usent leurs dernières flammes
jusqu'à ce qu'anorexie s'ensuive

Pier de Lune©



Stay

love is like death
we get stay of execution
with any "I love you"
any "I' will never forget you"
vain promises!

love is great when it is exclusive
true love requires courage
the courage is not occurring
with bourgeois, well-to-do,
those who settle down in their armchair,
in front of their TV set,
and give themselves over to household battles
letting flow freely
reproaches to each other,
blackmail with a vengeance,
shouts head off..
all that, preferred
to a mad love's roving
which would make them loose comfort,
safety, home, all the frills
to the risk of bringing upon them
the wrath of the family and of all disturbed by
the risk of being treated like a pariah

those people.. ladies and gentlemen
those people lounge around in their zoo
are using needless repetitions, one after the other
are arguing, with old, vague and confusing promises,
then when night has come
they slide under blankets
trading their respective needs
against deceitful caresses
are using the verb to love at usurious rates
pretending to trust it

what is left to the other?
of a lonely heart
fright, pain, turmoil,
the wait of knell tolling
the Farewell bugle
then...she will go away broken, racked
her heart sickened by the so-and-so
who knew so well how to sing,
but...was ignorant
of true love's notes

sympathize with crumbs- picking women
don't blame their choice
to stake their thirst of love
they are using their last flames
up to the point where anorexia follows

Translated by Gilles de Seze



Asphyxie

ô femme! amante, maîtresse
ces graines d'où s'élève un miasme
sur lesquelles tu te jettes
comme un oiseau affamé
ne suffiront jamais
pour apaiser ta faim d'aimer

femme solitaire, à la nuit tombée
tu retournes à tes cauchemars
tu pleures, tu maudis ton amant
enviant l'autre,
blottie dans ses bras

femme, abandonnée
ton triste sort tu savais déjà!
tes pleurs te seront maudites
sans honte, sans pudeur tu affiches
tes cruelles blessures à tout venant
à la recherche du baume magique
pour apaiser ta douleur

femme, libère-toi!, redresse l'échine
regarde au loin, un jour nouveau se lève
éloigne-toi avant que d'être...
asphyxiée

Pier de Lune©

***

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